Petite histoire de l'exploration de Phobos
Chronique pour Campus in Space
Avec la mission MMX, ce sera la première fois qu’on collecte un échantillon à la surface de Phobos, une des lunes de Mars. Pourtant, c’est pas faut d’avoir essayé.
En 1984 déjà, l’URSS avait annoncé une mission vers Phobos. À l'époque, les raisons étaient autant scientifiques que géopolitiques. S’ils parvenaient à récupérer un échantillon de Phobos, non seulement les retours scientifiques seraient bien plus grands que ceux des missions précédentes vers Vénus, mais en plus il éclipseraient tout ce que les américains avaient prévu.
La première mission vers Phobos était composée d’une sonde-relai qui resterait en orbite, un atterrisseur, et un petit véhicule juché dessus qui devait redécoller au bout de trois jours après avoir collecté un échantillon pour le ramener sur Terre.
Phobos-1 et Phobos-2 devaient initialement décoller en 1986, mais au bout de seulement quelques mois, on s’est apperçus que c'était un peu trop ambitieux comme délai, et le décollage à été reporté à 1988. Les sondes comportaient un grand nombre d’instruments scientifiques et des nouvelles technologies.
Le 7 juillet 1988, Phobos-1 décolle, et le 12 juillet c’est au tour de Phobos-2. Les deux sondes se mettent en route vers Mars.
Mais en septembre, un technicien fait une faute de frappe et envoie accidentellement la mauvaise commande à Phobos-1. Il y avait bien un système qui devait vérifier les commandes avant qu’elles ne soient exécutées, mais hélas, ce système avait été désactivé. Suite à cette fausse manipulation, des propulseurs ont été désactivés, et la sonde était perdue.
Phobos-2 a eu plus de chance et a pu se mettre en orbite autour de Mars, puis de Phobos. Mais pendant le trajet, il y avait eu des problèmes avec les ordinateurs de bord. Sur les trois ordinateurs de bord, il y en avait un qui ne fonctionnait plus du tout, et un qui fonctionnait un peu de travers. Il y avait aussi des problèmes avec le système de communication qui s'était retrouvé avec une bande passante réduite.
Phobos-2 a quand même pu nous renvoyer des clichés de Phobos, nous permettant de cartographier sa surface. Au bout de quelques semaines d’observations, on a perdu le contrôle de Phobos-2, signant la fin de la mission.
Bien que la mission Phobos ait été un échec, ces sondes ont quand même permis de collecter énormément informations sur Mars et Phobos à une époque où on ne savait presque rien à leur sujet.
Quelques décénnies plus tard, en 2011, une mission jointe entre la Russie et la Chine a essayé à nouveau de ramener un échantillon de Phobos. Mais peu après le décollage, le contact a été perdu avec la sonde, en dépit des efforts de plusieurs agences spatiales.
Comme on dit, l’espace c’est compliqué.
Pour aller plus loin : Russian Planetary Exploration, Brian Harvey