Le top 3 des pires bugs informatiques de l'espace
Voici une sélection de bugs particulièrement remarquables.
J’avais des problèmes avec un logiciel sur mon PC qui fonctionnait pas comme je voulais. Ça m’a fait penser à tous les problèmes informatiques qu’il y a eu dans l’espace. Et puis j’ai relativisé mes problèmes informatiques, parce que quand l’ordinateur qui a un problème c’est celui qui contrôle un véhicule spatiale, ça peut être autrement plus problématique.
- Ariane 5
Le numéro 3 de ce top, c’est une erreur d’ingénierie qui a couté très. très cher. Le premier lancement d’une fusée Ariane 5 a eu lieu en juin 1996. Depuis le pas de tir guyanais, les moteurs sont mis à feu… et 37 secondes plus tard, la fusée se tourne à 90° dans la mauvaise direction. La fusée commence à se disloquer à cause des frottements aérodynamiques, et le système d’auto-destruction de la fusée s’enclenche.
Dans un ordinateur, et on décide à l’avance que chaque nombre doit prendre tant de place dans la mémoire. Ce qui fait que chaque nombre est écrit avec une quantité maximale de chiffres. Par exemple, on peut décider que les nombres doivent être écrits avec au plus 4 chiffres. Dans ce cas, on ne pourra écrire que des nombres compris entre 0 et 9 999. Et si on dépasse, alors l’ordinateur va tronquer les chiffres qui dépassent et on revient à zéro. Dans notre exemple, si on essaye de faire 9 999 + 1, alors l’ordinateur dira que le résultat vaut 0. Quand quelque chose comme ça se produit, on dit que le nombre déborde.
Quand la fusée Ariane 5 a été conçue, il y a plein d'éléments du programme informatique d’Ariane 4 qui ont été réutilisés. Ça permet de réduire le coût du développement, et en plus, comme c’est du code qu’on a déjà utilisé plein de fois, on se dit que ça devrait marcher ! Sauf que là, pas tout à fait. Entre Ariane 4 et Ariane 5, le nombre de chiffres avec lesquels l’ordinateur pouvait écrir les nombres a changé. Suite à quoi une opération du calculateur aurait dû donner un résultat plus grand que le nombre maximal qui pouvait être écrit… ce qui fait que le résultat utilisé par le calculateur n'était pas le bon, et la fusée est partie dans la mauvaise direction.
- ROSAT
Pour le deuxième problème informatique dans ce top, je vais vous parler de ROSAT. Rosat est un télescope spatial en rayons X qui a été en orbite autour de la Terre dans les années 90. Ce télescope devait initialement fonctionner pendant cinq ans, mais a continuer à fonctionner pendant 4 ans après la fin de sa mission. Il aurait peut-être même fonctionné quelques années de plus s’il n’y avait pas eu une intrusion dans les systèmes informatiques du centre de contrôle de la NASA.
Lors d’une attaque informatique qui a été attribuée à la Russie, le système qui permettait au télescope de s’orienter dans l’espace a été hacké, et le satellite a été tourné de sorte que ses panneaux solaires soient tournés directement vers le Soleil. Ça a fait surchauffer les panneaux solaires et rendu le télescope spatial inutilisable.
- Pathfinder
Et enfin le top 1 des problèmes d’informatique dans l’espace, c’est le premier bug sur Mars, qui a causé quelques nœuds au cerveau des ingénieurs travaillant pour la sonde martienne Pathfinder.
En 1997, Pathfinder est arrivée sur Mars. Cette sonde était bardée d’instruments pour étudier le sol et l’atmosphère martienne. Mais à chaque fois qu’elle collectait des données météo, son ordinateur se mettait à redémarrer en boucle.
Les ingénieurs de la NASA avaient une maquette de Pathfinder sur Terre avec laquelle ils ont réussi à reproduire le bug. Ils ont alors constaté que le rover devait faire plusieurs opérations qui utilisaient les mêmes ressources. Collecter des données météo c’est pas critique pour la survie de la mission, donc cette opération aurait dû laisser la main lorsqu’un opération prioritaire avait besoin des ressources. Mais comme l’opération qui collecte les données météo s’accaparait les ressources, le rover plantait. Dans le jargon technique, on appelle ça une inversion de priorités.
Depuis la Terre, les ingénieurs ont pu mettre à jour le logiciel de Pathfinder sur Mars. Et la sonde a pu continuer de fonctionner pendant plus de 9 mois, alors que sa mission initiale était prévue pour durer 85 jours.
Et pour terminer cet épisode, je vous propose un bug de l’espace bonus en lien avec l’actualité. Le GPS, ça sert à connaître sa position, mais ça peut aussi servir à synchroniser des horloges à la milliseconde près. Pour ça, il faut prendre en compte les petites variations de rotation de la vitesse de la Terre. D’habitude, la Terre tourne de moins en moins vite sur elle-même, donc il faut rajouter des secondes pour compenser. Mais récemment, la Terre a légèrement accéléré. Et ça, ça a pas été anticipé par les gens qui ont développé le GPS.
A cause de la seconde qu’il va falloir soustraire à l’heure des satellites, certains récepteurs GPS auront peut-être des problèmes le 24 octobre.
Vous pouvez écouter cette histoire dans le podcast SpaceSheep.