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Un exemplaire des sous-vêtements d'absorption maximale.

Avant 1980, un des arguments contre le recrutement de femmes parmi les astronautes, c’est que les ingénieurs de la NASA ne savaient pas comment faire pour qu’elles puissent faire pipi dans l’espace.

Lorsque la NASA a commencé à envoyer des humains dans l’espace, elle a envisagé plein de méthodes différentes pour gérer l’urine des astronautes. Par exemple, il y a une mission pour laquelle la NASA a tout simplement espéré que l’astronaute n’aurait pas besoin de faire pipi. J’en parle plus ici, mais ça a pas du tout fonctionné comme méthode. Bref, une fois que la NASA a constaté que les astronautes aussi avaient parfois besoin de faire pipi, elle a envisagé la possibilité d’utiliser un cathéter. Mais les astronautes n'étaient pas très d’accord.

Après ça, la NASA a fait porter aux astronautes deux slips en caoutchouc l’un au dessus de l’autre et qui collaient à la peau pour que l’urine ne puisse pas s'échapper et aller court-circuiter les électrodes sous leur combinaison, mais je pense que ça ne devait pas être très agréable à porter vu que les missions pouvaient durer plusieurs heures, voir quelques jours, et que pendant certains phases de vol, il pouvait faire très chaud dans la capsule.

Finalement, des dernières missions Mercury aux missions Apollo, les astronautes devaient enfiler une sorte de capote qui était reliée soit à une poche, soit à l’extérieur du vaisseau. Et lorsque les astronautes se soulageaient, l’urine devait soit s’ecouler dans la poche pour être stockée et jetée plus tard, soit s'écouler par une écoutille pour être directement évacuée hors du vaisseau.

Ce système de capotes a été utilisé sur de nombreuses de missions. Sauf qu’il ne fonctionnait pas très bien. Quand la capote était reliée à une poche, comme pendant les missions Mercury, il y avait souvent des reflux et de l’urine pouvait se retrouver à flotter dans la capsule spatiale. Et quand la capote était reliée directement au vide extérieur, comme pendant les missions Apollo, il fallait un timing impeccable entre le moment ou l’astronaute ouvrait le robinet vers l’extérieur du vaisseau spatial et le moment ou il commençait à uriner s’il voulait pas lui-même se faire aspirer par le vide extérieur. Ce qui pouvait être, vous l’imaginez, extrêmement douloureux.

Malgré ses défauts, ce système de capote était le meilleur que les ingénieurs aient trouvé pour gérer l’urine des astronautes. Sauf que c’est un système qui, de toute évidence, n'était pas utilisable par les femmes. Du coup, les ingénieurs se demandaient : « Mais comment pourrions nous envoyer des femmes dans l’espace ? Elles ne pourront pas faire pipi, puisqu’elles ne peuvent pas utiliser notre super système de capotes ! ». Et c’est une des raisons parmi d’autres qui ont retardé l’arrivée des femmes parmi les astronautes aux États-Unis.

Dans les années 80, quand cinq femmes ont finalement été recrutées pour devenir astronautes, il fallait bien qu’elles puissent faire pipi dans l’espace. Alors il a fallu que la NASA innove et invente un système différent de tout ce qui avait été fait jusqu’alors. C’est comme ça qu’elle a créé les sous-vêtements d’absorption maximale, plus communément connus sous le terme de « couches culottes en taille adulte ».

Une fois que les sous-vêtements d’absorption maximale ont été proposés par la NASA aux astronautes, même les hommes ont préféré se passer du système de capotes, et maintenant, tous les astronautes portent des couches pendant les lancements et les sorties extra-véhiculaires, parce qu’en fait, c’est juste beaucoup plus confortable que tout ce qui avait été inventé par la NASA jusqu’alors.

Et du coup, avec toute cette histoire, la question que moi je me pose, c’est : S’il n’y avait jamais eu de femmes dans le programme spatial américain, est-ce que les ingénieurs auraient eu l’idée de proposer des couches aux astronautes ?


Vous pouvez écouter cette histoire dans le podcast SpaceSheep.

Image : Smithsonian Museum

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Docteur, astrophysicienne. Je joue de l'euphonium, du clavier et du télescope quand je peux.